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Évolution du Marché de l’Habitat en France : Tendances Récentes et Perspectives

Le secteur de l’habitat et de la rénovation en France connaît de profondes mutations ces dernières années. Face aux enjeux de la transition énergétique et aux nouvelles habitudes de consommation, plusieurs segments clés du marché (panneaux photovoltaïques, poêles à granulés, pompes à chaleur, isolation, fenêtres/portes, adoucisseurs d’eau) affichent des dynamiques contrastées. Parallèlement, les professionnels – notamment les PME de l’amélioration de l’habitat – doivent relever de nouveaux défis : acquisition de leads de plus en plus difficile, clients mieux informés et plus exigeants, concurrence numérique grandissante, et nécessité d’adopter des outils logiciels (CRM, etc.) pour gagner en efficacité. Dans cet article, nous dressons un panorama détaillé de ces évolutions, appuyé sur des chiffres officiels récents (ADEME, INSEE, Ministère de la Transition écologique, etc.), puis nous analysons les problématiques actuelles des entreprises du secteur, avant de conclure sur les perspectives d’avenir et opportunités pour les PME.

  • Leads poêle à granulés
  • Leads photovoltaïque
  • Leads pompe à chaleur
  • Leads adoucisseur d’eau
  • Leads portes et fenêtres

Photovoltaïque : une Croissance Solaire Record

Le marché des panneaux solaires photovoltaïques résidentiels est en plein essor en France, stimulé par la hausse du coût de l’énergie et les incitations à l’autoconsommation. En 2022, 88 000 nouvelles installations photovoltaïques ont été raccordées chez des particuliers, portant à 600 000 le nombre de foyers équipés fin 2022​batiweb.combatiweb.com. Cette progression de +16 % sur un an s’inscrit dans une dynamique durable : la puissance solaire cumulée atteint environ 20 GW fin 2023, après un niveau de raccordements annuel sans précédent d’environ 5 GW sur la seule année 2024les-energies-renouvelables.eu. À la mi-2024, la France franchit d’ailleurs le cap symbolique du million d’installations photovoltaïques raccordées, avec 1 010 481 installations totalisant 22 172 MW installés​les-energies-renouvelables.eules-energies-renouvelables.eu. Cela représente une hausse de +13 % en nombre d’installations (et +10 % en puissance) en seulement six mois, signe d’un véritable boom du solaire résidentiel.

Malgré ces chiffres impressionnants, la France accuse encore un certain retard par rapport à ses voisins européens en termes d’équipement solaire. En 2022, elle se classait 9^e^ en Europe pour le nombre de logements équipés de panneaux PV, loin derrière l’Allemagne (1,8 million de foyers équipés) ou les Pays-Bas​batiweb.com. Néanmoins, les perspectives demeurent très positives : selon le cabinet LCP Delta, on pourrait atteindre 1,87 million de logements équipés d’ici 2030 en France​batiweb.com. Les projections tablent sur un rythme annuel de plus de 200 000 nouvelles installations à l’horizon 2030​batiweb.com. La récente loi d’accélération des énergies renouvelables (promulguée en mars 2023) vise justement à rattraper ce retard et lever les freins administratifs. Désormais, le photovoltaïque s’impose comme un segment clé de la rénovation énergétique : il représente près de 4,9 % de la consommation brute d’électricité en France fin 2024​les-energies-renouvelables.eu, et contribue à l’indépendance énergétique tout en offrant aux ménages une protection contre l’augmentation des factures d’électricité.

Poêles à Granulés : du Record à la Chute Brutale

Le marché des poêles à granulés de bois (pellets) a connu des fluctuations extrêmes. Après plusieurs années de forte progression, 2022 a marqué une année record : environ 201 000 poêles à granulés ont été vendus en 2022proxi-totalenergies.fr, soit une hausse de +16 % par rapport à 2021, d’après l’Observ’ER avec le soutien de l’ADEME. Ce chiffre exceptionnel s’inscrit dans un total de 392 000 appareils de chauffage au bois vendus en 2022 (en incluant aussi les poêles à bûches, inserts et chaudières bois), ce qui représente une croissance globale de +21 % sur un an​proxi-totalenergies.frproxi-totalenergies.fr. Porté par la flambée des prix des énergies fossiles, le poêle à pellets s’est imposé comme une solution de chauffage économique et écologique pour de nombreux foyers français – on estimait ainsi 1,7 million de foyers chauffés aux granulés fin 2022propellet.fr.

Cependant, la tendance s’est inversée en 2023. Après le pic de 2022, la filière a subi un effondrement brutal des ventes. D’après Propellet (association du chauffage au granulé), les ventes de poêles et chaudières à granulés ont chuté de plus de 60 % en 2023 par rapport à 2022propellet.fr. Ce décrochage s’explique par plusieurs facteurs : un phénomène de « surmobilisation » en 2022 (beaucoup de ménages ayant anticipé leurs achats par peur des pénuries et pour profiter des aides), deux hivers particulièrement doux réduisant la consommation de granulés, et un stock important de pellets chez les particuliers suite à la crise de 2022​propellet.fr. Concrètement, alors qu’il s’est installé environ 200 000 poêles en 2022, les ventes 2023 sont retombées à un niveau historiquement bas – certains acteurs évoquent autour de 80 000 poêles seulement en 2023, retrouvant le niveau d’il y a près de 10 ans. La filière, qui s’était structurée pour une croissance rapide, se retrouve avec des surcapacités à court terme​propellet.fr. Malgré tout, le parc continue de croître (on compte 1,8 million de foyers chauffés aux granulés fin 2023, +100 000 en un an grâce aux installations précédemment commandées​propellet.fr) et les fondamentaux de long terme restent favorables (coût des granulés compétitif, renouvellement des anciens poêles à bois, etc.). Il faudra cependant absorber ce creux conjoncturel avant un possible rebond – déjà, les commandes repartent à la hausse début 2024 selon Propellet​propellet.fr, signe que la confiance des consommateurs revient avec la stabilisation des prix des pellets.

Pompes à Chaleur : un des Premiers Marchés d’Europe

Les pompes à chaleur (PAC) occupent une place de plus en plus centrale dans le marché de l’habitat, soutenues par les politiques publiques visant à remplacer les chaudières fossiles. La France est ainsi devenue l’un des tous premiers marchés européens pour les PAC individuelles. En 2023, les ventes ont atteint 1,2 million d’unités (toutes catégories confondues)​statistiques.developpement-durable.gouv.fr – un volume colossal, en progression sur la tendance des années précédentes. Parmi ces ventes, on distingue 910 000 PAC air-air (climatiseurs réversibles utilisés en chauffage, +13 % vs 2022) et 307 000 PAC air-eau (+ géothermie, ces dernières totalisant ~3 500 unités, +18 %)​statistiques.developpement-durable.gouv.fr. Les PAC air-air, souvent installées en rénovation pour fournir chauffage et climatisation pièce par pièce, représentent la majorité des volumes (environ 75 % des appareils vendus en 2023) et continuent de progresser fortement. Les PAC air-eau, quant à elles, ont connu un léger tassement en 2023 (-14 % par rapport à 2022) dans un contexte de ralentissement des constructions neuves et de la rénovation lourde​statistiques.developpement-durable.gouv.fr – ces équipements nécessitant des travaux plus conséquents (réseau de chauffage central) souffrent de la conjoncture du bâtiment. Néanmoins, en l’espace de quelques années, la PAC s’est imposée comme le mode de chauffage renouvelable de référence, portée par les aides (MaPrimeRénov’, primes CEE) et l’interdiction progressive des chaudières fioul puis la probable réduction des chaudières gaz.

D’après les statistiques du ministère, le parc cumulé de pompes à chaleur en service produit désormais 50 TWh de chaleur renouvelable par an (année 2023, climat réel), en hausse de +11 % sur un an grâce à l’accroissement du parc​statistiques.developpement-durable.gouv.fr. Ce chiffre inclut le chauffage fourni par les PAC air-air (environ 30 TWh) et air-eau (22 TWh), témoignant de leur contribution significative aux objectifs énergétiques nationaux​statistiques.developpement-durable.gouv.fr. Les perspectives demeurent très favorables : pour atteindre les cibles climatiques, la France table sur le remplacement accéléré des chaudières fossiles par des pompes à chaleur d’ici 2030​bfmtv.com. Les objectifs de rénovation énergétique (voir plus loin) impliquent par exemple de réduire de 20 à 25 % le parc de chaudières à gaz résidentiel d’ici 2030​bfmtv.com, ce qui passera en grande partie par l’installation de PAC en remplacement. De plus, l’innovation continue d’améliorer ces équipements (PAC haute température pour l’existant, systèmes hybrides PAC/chaudière, etc.), élargissant les cas d’usage. Tout indique donc que le marché des pompes à chaleur restera l’un des moteurs de la croissance du secteur de la rénovation dans les années à venir.

Isolation Thermique : un Marché en Quête de Relance

L’isolation des bâtiments est un pilier de la rénovation énergétique, avec des millions de logements mal isolés à traiter. Ces dernières années, le marché de l’isolation a été marqué par des à-coups liés aux évolutions des dispositifs d’aide. Entre 2018 et 2020, les offres à « 1 € » subventionnées (via les Certificats d’Économies d’Énergie) ont provoqué un boom des isolations de combles et planchers bas, suivi d’un resserrement en 2021 pour endiguer les dérives. Plus récemment, le recentrage de MaPrimeRénov’ sur les rénovations globales en début 2024 a temporairement freiné les projets d’isolation seuls​batiweb.com. Au final, après une forte croissance jusqu’en 2021, le marché des matériaux isolants a légèrement reculé ces deux dernières années : environ -2 % en 2023 (en volume) après déjà une petite baisse en 2022​batiweb.com. Sur le seul segment de l’isolation thermique par l’extérieur (ITE), le recul a été de -1,3 % au premier semestre 2024 par rapport à 2023​batiweb.com. Ces baisses modestes indiquent un marché un peu “chahuté” mais relativement résilient, dans un contexte où la rénovation énergétique reste prioritaire.

En valeur, le secteur de l’isolation représente toujours un volume d’affaires considérable – on l’estime à environ 2 milliards d’euros annuels pour les matériaux isolants en France​xerfi.com. Le volume posé demeure élevé : par exemple, rien qu’en isolants bio-sourcés (chanvre, fibre de bois, ouate de cellulose…), 28 millions de m² ont été commercialisés en 2023, ce qui correspond à 11 % du marché total de l’isolation thermiquebati.zepros.frbati.zepros.fr. Ce chiffre atteste de la montée en puissance de ces matériaux écologiques (ils n’étaient que 1 % du marché en 2016​bati.zepros.fr). De manière générale, les besoins restent immenses du fait du parc de passoires thermiques : au 1^er^ janvier 2024, on comptait encore 4,2 millions de logements classés F ou G en France (résidences principales), certes en baisse d’environ 500 000 en un an grâce aux rénovations, mais représentant 13,5 % des logementsparticulier.hellio.comparticulier.hellio.com. L’éradication progressive de ces passoires, désormais considérées comme « logements indécents » à la location, constitue un gisement de travaux d’isolation pour les années à venir. Le gouvernement a d’ailleurs fortement augmenté les moyens alloués à la rénovation énergétique en 2024, avec un budget MaPrimeRénov’ porté de 2,4 à 4 milliards d’euros (+66 %)europe1.fr. Ces mesures devraient redynamiser le marché de l’isolation, notamment en rénovation globale (combinaison isolation + chauffage), après quelques mois de flottement réglementaire. Les professionnels anticipent une reprise progressive de la croissance du secteur, tirée par l’urgence climatique et les attentes en confort thermique des ménages.

Fenêtres et Portes : le Rénovation Compense en Partie la Crise du Neuf

Le segment des menuiseries extérieures (fenêtres, portes d’entrée) est très sensible à la conjoncture du bâtiment. Après une année 2021 exceptionnelle (post-confinements) portée par la rénovation, le marché des fenêtres a amorcé un léger repli. En 2023, un peu plus de 10,3 millions de fenêtres ont été vendues en France, soit une baisse d’environ -4 % par rapport à 2022​verreetprotections.comlemoniteur.fr. En volume, on est repassé sous la barre des 11 millions d’unités annuelleslechodelabaie.frlechodelabaie.fr. Toutefois, en valeur, le recul n’a été que d’environ -1 % en 2023 vs 2022lechodelabaie.frlechodelabaie.fr grâce à une relative tenue des prix et un mix produit orienté vers plus de performance (triple vitrage, fenêtres PVC haut de gamme, etc.). La rénovation, qui représente la majorité des ventes de fenêtres, s’est maintenue à un niveau élevé en 2022-2023, soutenant l’activité des PME de pose​lechodelabaie.fr. Les bailleurs sociaux notamment ont intensifié le remplacement de fenêtres dans le parc collectif pour atteindre les objectifs de performance énergétique​lechodelabaie.fr.

En revanche, le secteur du neuf s’est effondré, plombant une partie du marché. La crise de la construction résidentielle en 2022-2024 a eu un impact direct : les mises en chantier de logements ont chuté de -25 % en moyenne en 2023​lechodelabaie.fr (jusqu’à -26 % pour les maisons individuelles et -20 % pour le collectif​lechodelabaie.fr). Conséquence, la pose de fenêtres dans le neuf a reculé fortement (on estime à -18 % la baisse des installations de menuiseries en logement neuf en 2024)​verreetprotections.com. Les ventes de portes d’entrée subissent également ce coup de froid : après être restées juste en dessous du seuil symbolique de 500 000 unités en 2023, elles sont tombées à environ 450 000 unités en 2024elcia.com. On évalue qu’en quatre ans le marché des portes a perdu plus d’un tiers de son volume, revenant au niveau du début des années 2010​elcia.com. La faute, là aussi, à l’arrêt brutal du neuf individuel (permis de construire en berne) non compensé entièrement par la rénovation.

Malgré ce contexte morose sur la construction, les entreprises de menuiserie tirent leur épingle du jeu grâce au remplacement énergétique (fenêtres double vitrage performantes) et à la rénovation qualitative. Les particuliers investissent pour améliorer leur confort et réduire les déperditions énergétiques – un changement de fenêtres fait souvent partie des bouquets de travaux aidés par MaPrimeRénov’. Par ailleurs, l’innovation continue : on voit arriver des vitrages toujours plus isolants (à faible émissivité renforcée, triple vitrage, etc.), des fenêtres intelligentes (aération intégrée, capteurs) ou encore de nouvelles esthétiques qui peuvent motiver le renouvellement. Ainsi, si le court terme est à la stagnation, les perspectives de moyen terme restent positives, portées par la nécessité de rénover thermiquement les logements. Le défi sera de passer le creux conjoncturel du bâtiment neuf ; en attendant, la rénovation sert de moteur de substitution pour le marché des fenêtres et portes​lechodelabaie.fr.

Traitement de l’Eau : la Montée en Puissance des Adoucisseurs

Plus discret médiatiquement, le segment des adoucisseurs d’eau et du traitement de l’eau domestique connaît également une croissance régulière. En France, de nombreux ménages font face à une eau calcaire qui détériore canalisations et appareils électroménagers. L’adoucisseur, qui élimine le calcaire de l’eau, s’est démocratisé progressivement : environ 15 % des propriétaires de maisons individuelles en sont équipés d’après une enquête de l’Union des professionnels de l’eau (UAE)​uae.fruae.fr. Parmi ceux disposant d’un système de traitement d’eau (25 % des ménages interrogés), 60 % ont choisi l’adoucisseur​uae.fruae.fr, signe qu’il s’agit de la solution la plus populaire pour améliorer la qualité de l’eau au robinet. On estime à près de 100 000 le nombre d’adoucisseurs vendus chaque année en France​aqua-direct.com. Ce chiffre peut sembler modeste comparé à d’autres équipements de l’habitat, mais il est en hausse constante.

Le marché du traitement de l’eau dans le résidentiel représente environ 467 millions d’euros annuellement​uae.fr, englobant les adoucisseurs, les systèmes de filtration, osmoseurs, etc. La demande est tirée par plusieurs tendances : recherche de confort (eau moins agressive pour la peau, linge plus doux), protection des installations (chaudières, machines à laver, etc.) et préoccupation écologique (réduction de l’achat de bouteilles plastiques grâce à l’amélioration de l’eau du robinet)​uae.fruae.fr. Les fabricants innovent pour proposer des adoucisseurs plus compacts, connectés et économes en eau (systèmes de régénération optimisés, détecteurs de fuites, etc.). Le taux d’équipement restant relativement faible au regard du parc de logements, les marges de progression sont importantes, notamment dans les régions où la dureté de l’eau est élevée. Les professionnels notent également que les nouvelles générations de consommateurs sont plus sensibles à la qualité de l’eau et enclines à s’équiper, d’autant que le coût d’un adoucisseur (quelques milliers d’euros pose comprise) peut être rentabilisé sur la durée de vie des équipements ménagers prolongée. En résumé, le segment des adoucisseurs d’eau affiche une croissance modérée mais soutenue, et constitue un marché de niche porteur pour les PME spécialisées.

Défis Actuels des Entreprises de l’Habitat

Si les opportunités de marché sont nombreuses, les sociétés françaises de l’habitat (artisans, PME de la rénovation énergétique, installateurs d’équipements) font face à des problématiques inédites. La conquête de nouveaux clients est devenue plus ardue, les attentes des particuliers évoluent et se complexifient, la concurrence s’intensifie via le numérique, et il devient indispensable d’optimiser l’organisation interne grâce aux outils digitaux. Voici les principaux défis à relever :

L’acquisition de leads, un enjeu de plus en plus critique

Trouver des prospects intéressés par des travaux ou équipements est aujourd’hui l’un des points douloureux pour les professionnels de l’habitat. Les méthodes traditionnelles de prospection, comme le démarchage téléphonique et le porte-à-porte, ont été sévèrement restreintes par la loi afin de protéger les consommateurs des abus. Depuis la loi du 24 juillet 2020, le démarchage téléphonique en rénovation énergétique est strictement interdit en France​particulier.hellio.com. Cette interdiction – confirmée et précisée par décret d’octobre 2022 – a contraint de nombreuses entreprises qui dépendaient du phoning massif pour générer des leads à revoir complètement leur stratégie commerciale. Par ailleurs, les campagnes de publicité traditionnelle (courriers, salons) ont un rendement décroissant et un coût élevé. Résultat, la concurrence sur les canaux numériques d’acquisition est féroce : achat de mots-clés sur Google, publicité ciblée sur les réseaux sociaux, référencement sur les plateformes travaux, etc. Le coût par lead qualifié s’envole dans certains secteurs (par exemple le solaire photovoltaïque ou la pompe à chaleur, très sollicités). Ainsi, les PME de l’habitat doivent apprendre à optimiser leur marketing digital, soigner leur présence en ligne (site web, avis clients, réseaux sociaux) et développer des partenariats pour alimenter leur pipeline commercial. Beaucoup se tournent vers des apporteurs d’affaires en ligne ou des marketplaces de mise en relation, mais ces canaux ont un coût et imposent souvent une mise en concurrence accrue entre professionnels. Dans ce contexte, fidéliser sa clientèle et obtenir des recommandations devient également crucial pour générer des contacts à moindre coût. En somme, attirer de nouveaux clients est devenu plus difficile et plus cher, ce qui pèse sur les marges et oblige les entreprises à innover en prospection.

Des clients plus informés et plus exigeants

Parallèlement, les attentes des clients particuliers ont évolué. À l’ère du numérique, les consommateurs ont accès à une multitude d’informations en ligne et peuvent facilement comparer les offres. Ils arrivent souvent avec un bon niveau de connaissance sur les solutions techniques (matériaux, marques d’équipements, aides financières disponibles…) et ne se contentent plus d’un discours commercial approximatif. Leur niveau d’exigence a augmenté, tout comme leur besoin de personnalisationplus-que-pro-solution.fr. Le client d’aujourd’hui recherche “une expérience globale” satisfaisante : il attend des conseils sur mesure, de la transparence sur les prix et les subventions, un service rapide et fiable, et un suivi après-vente. La moindre déception peut être exprimée publiquement via les avis en ligne, impactant la réputation de l’entreprise.

En clair, “les clients sont de plus en plus exigeants et avertis”plus-que-pro-solution.fr. Ils veulent être considérés individuellement, obtenir des réponses rapides (demande de devis en un clic, rappel sous 24h, etc.) et pouvoir interagir via le canal de leur choix (téléphone, email, chat, messagerie…). Cette évolution oblige les PME de l’habitat à adopter une approche résolument customer-centric. Il s’agit de mieux écouter les besoins spécifiques (par exemple : tel client souhaite maximiser l’écologie de sa rénovation, tel autre privilégie le budget, un troisième s’attache au design…), et d’y répondre de façon adaptée. La qualité de l’expérience client est devenue un levier majeur de différenciation. Les entreprises qui s’en sortent le mieux sont celles qui arrivent à conjuguer la proximité humaine (conseils personnalisés, pédagogie, accompagnement) et la réactivité permise par le digital (prise de rendez-vous en ligne, envoi de devis détaillé et clair rapidement, suivi de chantier transparent). D’après Bpifrance, 85 % des PME françaises ont entamé leur transformation numérique et plus de la moitié constatent déjà un impact positif sur leur chiffre d’affaires grâce à ces évolutions​plus-que-pro-solution.frplus-que-pro-solution.fr. Il devient donc indispensable de s’adapter à ce client 2.0 exigeant, sans quoi il se tournera vers un concurrent plus à l’écoute.

Une concurrence numérique et de nouveaux entrants

La digitalisation du secteur de l’habitat ne profite pas qu’aux clients : elle attire aussi de nouveaux concurrents sur le marché des travaux. On assiste à la montée de plateformes en ligne qui tentent de capter la relation client à la source pour la revendre aux installateurs. Des startups ou entreprises bien financées proposent par exemple des offres “clés en main” pour l’installation de pompes à chaleur, de panneaux solaires ou de fenêtres, en s’appuyant sur des réseaux de partenaires. Leur force réside dans des sites web bien référencés, des campagnes marketing d’envergure nationale et un parcours client simplifié (simulation d’économies, prise en charge des démarches administratives…). Citons parmi d’autres : Hello Watt, qui conseille les particuliers sur les travaux énergétiques et les oriente vers des professionnels certifiés, ou les offres lancées par de grands acteurs (EDF avec IZI by EDF, Engie My Power pour le solaire, etc.). Sans réaliser eux-mêmes les travaux, ces intermédiaires numériques captent une partie de la valeur en négociant les chantiers pour le compte des artisans.

De plus, les grandes surfaces de bricolage et fournisseurs d’énergie se positionnent de plus en plus comme concurrents indirects. Beaucoup proposent désormais à leurs clients des solutions de rénovation avec installation comprise. Par exemple, Leroy Merlin a un service de pose pour les fenêtres ou les chaudières via des artisans partenaires, et communique fortement dessus en magasin et en ligne. Cette intégration verticale ajoute une pression concurrentielle sur les PME locales, qui doivent rivaliser avec la force de frappe commerciale de ces grands groupes. Enfin, l’accès à l’information en ligne fait que la concurrence n’est plus seulement locale : un client peut comparer les prix et prestations d’entreprises situées à plusieurs départements de distance, notamment pour des équipements standardisés comme un adoucisseur ou une PAC, si celles-ci acceptent de se déplacer.

Face à cette concurrence accrue, les PME de l’habitat ont intérêt à mettre en avant leurs atouts : ancrage local, savoir-faire artisanal, capacité à réaliser du sur-mesure, et réactivité. Le bouche-à-oreille en ligne (avis vérifiés, notation) est crucial pour émerger face aux plateformes. Certaines PME choisissent aussi de se regrouper en coopératives ou réseaux d’artisans afin de mutualiser des moyens de communication numérique. L’objectif est de ne pas laisser les nouveaux entrants monopoliser la relation client, et de continuer à exister sur le terrain numérique où se jouent désormais de nombreux projets.

La structuration interne et le rôle clé des outils CRM

Pour s’adapter à ces évolutions, la transformation digitale ne concerne pas que l’image vis-à-vis des clients – elle passe aussi par une modernisation de l’organisation interne des entreprises de rénovation. Beaucoup de PME du bâtiment ont longtemps fonctionné de manière informelle (agenda papier, suivi des devis et factures sur Excel, contacts clients gérés via le téléphone mobile du dirigeant). Ce mode de fonctionnement atteint ses limites dès lors que le volume de leads augmente et que le parcours client se complexifie. C’est là qu’interviennent les outils logiciels, en particulier les CRM (Customer Relationship Management) et autres solutions de gestion commerciale. Un CRM permet de centraliser les informations sur les prospects et clients, de suivre les interactions (appels, emails, rendez-vous), de relancer au bon moment, et de disposer d’indicateurs sur le pipeline de ventes. En interne, cela améliore la coordination entre les équipes (commercial, techniciens, administratif) et évite les opportunités perdues.

On observe ainsi une adoption croissante des CRM par les PME françaises ces dernières années. Plus de 28 % des PME en France avaient déjà adopté un logiciel CRM ou prévoyaient de le faire prochainement d’après une enquête de 2023​crm-pour-pme.fr. Parmi celles ayant sauté le pas, 72 % constatent une amélioration de la satisfaction client après implémentation du CRM​crm-pour-pme.fr – signe qu’un suivi plus rigoureux et personnalisé porte ses fruits. Dans le secteur du bâtiment, de nombreux éditeurs proposent des CRM et des outils adaptés (par exemple des fonctionnalités de création de devis travaux, planning de chantier, etc.). Des solutions comme Efficy BTP, Toolpad, ou des généralistes comme HubSpot et Salesforce équipent désormais des entreprises du bâtiment de taille moyenne. Par ailleurs, la gestion numérique des projets (logiciels de suivi de chantier, d’échange de documents avec le client, etc.) complète souvent le CRM pour fluidifier le parcours du client jusqu’à la réception des travaux.

Le rôle du numérique interne ne s’arrête pas là : il englobe aussi la gestion des stocks et approvisionnements (très critique avec les tensions récentes sur les matériaux), la planification des interventions (optimisation des tournées), ou encore la formation (MOOC, tutoriels en ligne pour monter en compétence sur de nouveaux équipements). Autant de domaines où les logiciels apportent des gains de productivité. Certes, cette transition a un coût initial et suppose de former le personnel, mais elle devient indispensable pour rester compétitif. On peut donc dire que l’outil numérique est un allié stratégique : il aide les PME de l’habitat à structurer leur organisation interne et à renforcer leur efficacité commerciale, dans un contexte où chaque lead doit être traité de manière optimale pour être converti en chantier signé.

Perspectives d’Avenir et Opportunités pour les PME

Malgré les défis, le marché français de l’habitat et de la rénovation offre des perspectives d’avenir très prometteuses pour les années 2025-2030. Plusieurs facteurs convergent pour soutenir une croissance durable du secteur :

  • Accélération de la rénovation énergétique : La trajectoire climatique impose un rythme sans précédent de rénovations de logements. La nouvelle Stratégie Nationale Bas-Carbone fixe l’objectif ambitieux de 600 000 rénovations d’ampleur par an d’ici 2030 (400 000 maisons individuelles et 200 000 logements collectifs)​bfmtv.combfmtv.com. C’est plus de six fois le rythme actuel des rénovations globales (on comptait ~71 600 logements ayant engagé une rénovation énergétique performante en 2023 via les dispositifs ANAH​statistiques.developpement-durable.gouv.frstatistiques.developpement-durable.gouv.fr). Pour atteindre cet objectif, l’État renforce les aides publiques : MaPrimeRénov’ a vu son budget porté à 4 Mds€ en 2024​europe1.fr, et l’éco-PTZ (prêt à taux zéro) est prolongé et bonifié pour permettre aux ménages de financer le reste à charge. De nouvelles incitations pourraient apparaître, et l’obligation progressive de rénovation des passoires (interdiction de location des classes G dès 2025, F ensuite…) va créer un marché captif de travaux. Cela représente un gisement d’activité immense pour les PME du bâtiment, dans tous les corps de métier : isolation thermique, systèmes de chauffage performants, ventilation, fenêtres, etc. Le défi sera de disposer de suffisamment de main-d’œuvre qualifiée – on estime que 170 000 à 250 000 emplois supplémentaires pourraient être nécessaires dans la rénovation énergétique d’ici 2030​strategie.gouv.frvie-publique.fr, ce qui passe par la formation et l’attractivité des métiers du bâtiment.

  • Innovations technologiques : Les prochaines années verront l’arrivée à maturité de nombreuses innovations de produit. Dans le solaire photovoltaïque, on attend une généralisation des systèmes de stockage domestique (batteries) couplés aux panneaux, l’essor des panneaux hybrides (production d’électricité et d’eau chaude) et du solaire intégré au bâti (tuiles solaires, façades photovoltaïques). De même, les pompes à chaleur continueront de gagner en efficacité (nouvelles fluides frigorigènes à faible impact, PAC haute température pour anciens radiateurs) et en intelligence (pilotage connecté pour effacement en cas de pic électrique, association à des thermostats intelligents). Côté bois-énergie, les poêles à granulés de nouvelle génération seront plus silencieux, plus automatisés et modulants, facilitant leur usage en appoint. L’isolation bénéficiera de matériaux innovants : isolants minces performants, aérogels, ou isolants bio-sourcés dont la part de marché va croître au-delà de 10 % atteints en 2023​bati.zepros.frbati.zepros.fr. On voit aussi se développer des solutions préfabriquées pour la rénovation (panneaux isolants préfabriqués pour façade, modules toitures solaires) permettant de rénover plus vite. Les fenêtres du futur intègrent des vitrages intelligents à teinte variable, ou produisant de l’électricité (vitrages photovoltaïques transparents), qui pourraient à terme équiper bâtiments tertiaires et résidences haut de gamme. Enfin, dans le traitement de l’eau, on anticipe des adoucisseurs plus écologiques (sans sel, ou combinés avec des systèmes anti-bactéries UV, etc.) et des objets connectés mesurant en temps réel la qualité de l’eau. Ces innovations créeront de nouvelles opportunités de vente pour les PME qui sauront les proposer, et renforceront l’attrait des rénovations auprès du grand public (plus de confort, plus d’économies, plus de connectivité).

  • Évolution des modes de vie propice à la rénovation : La période post-Covid a vu un engouement durable des Français pour l’amélioration de leur habitat (tendance cocooning). Le télétravail accru incite à investir dans le confort thermique et acoustique du logement. Par ailleurs, la conscience écologique progresse : de plus en plus de ménages souhaitent réduire leur empreinte carbone et s’intéressent aux énergies renouvelables domestiques. Cette évolution culturelle est un terreau favorable au marché de la rénovation. De plus, le vieillissement de la population alimente le besoin d’adapter les logements (accessibilité, ergonomie) – souvent l’occasion de réaliser d’autres travaux (rénovation énergétique couplée à l’adaptation du domicile). Les PME de l’habitat pourront tirer parti de ces nouvelles demandes en élargissant éventuellement leurs offres (par exemple, proposer en même temps l’isolation des combles et l’aménagement pour personne âgée, etc.).

  • Soutien politique et réglementaire : Outre les aides financières, la réglementation va jouer un rôle moteur. La future directive européenne sur la performance énergétique des bâtiments (EPBD) devrait fixer des minima de performance à atteindre pour les logements d’ici 2030-2033, créant de fait une obligation de rénover des millions de logements en Europe. En France, la RE2020 (réglementation environnementale pour les constructions neuves) impose déjà une conception bas-carbone qui dope l’usage de matériaux bio-sourcés et de PAC, ce qui va tirer les filières industrielles et faire baisser les coûts pour la rénovation. Par ailleurs, le gouvernement français envisage l’interdiction de l’installation de chaudières à gaz dans le résidentiel neuf dès 2025, et accélère le retrait des chaudières fioul. Cette orientation politique garantit que la demande en équipements alternatifs (PAC, chauffage bois performant, raccordement aux réseaux de chaleur…) restera soutenue. Enfin, des initiatives locales (régions, collectivités) proposent des bonus et accompagnements (comme les guichets France Rénov’) pour inciter les propriétaires à passer à l’acte. Tout cela crée un environnement porteur et relativement sécurisé pour les entrepreneurs de la rénovation.

En conclusion, le marché global de l’habitat en France se trouve à un tournant décisif. Certains segments historiques ralentissent ponctuellement (fenêtres, appareils bois) tandis que d’autres explosent (solaire, PAC), mais tous vont devoir converger pour relever le défi majeur de la rénovation énergétique massive des logements. Les PME professionnelles de l’habitat ont un rôle clé à jouer dans cette transition. Certes, elles affrontent des vents contraires à court terme – acquisition client ardue, concurrence exacerbée, transformation digitale obligatoire – mais celles qui sauront s’adapter et innover en sortiront grandement renforcées. La demande solvable, soutenue par les pouvoirs publics, sera au rendez-vous dans la prochaine décennie. Saisir les opportunités de croissance (nouveaux métiers verts, nouveaux services, marchés émergents comme la gestion énergétique intelligente des logements) permettra aux PME françaises de l’habitat de prospérer tout en contribuant activement aux objectifs de croissance verte du pays. Les années à venir s’annoncent exigeantes, mais riches de potentiel pour un secteur de l’amélioration de l’habitat plus innovant, plus qualitatif et plus durable que jamais.

Sources : ADEME, Ministère de la Transition écologique (SDES), INSEE, Observ’ER, UAE, articles de presse spécialisés et communiqués officiels cités tout au long de l’article.​